Après les chercheurs de Stanford l’an dernier, c’est au tour d’une scientifique d’Oxford de venir étudier au musée de la Haute-Auvergne.

Jeudi 17 septembre à 9h00, le Musée de la Haute-Auvergne accueillera Élise MORERO, chercheuse au Khalili Research Centre de l’Université d’Oxford. Elle vient étudier le petit lion fatimide, classé monument historique le 7 septembre 1954.
En cristal de roche, il est issu du Trésor d’Albepierre-Bredons. Vous pouvez le voir dans l’une des vitrines de l’exposition « 2 000 ans de Passages. Du chemin gaulois à l’A 75 », jusqu’au 8 novembre.

Élise MORERO en fera un moulage silicone pour analyse scientifique et les résultats seront ensuite communiqués au Musée de la Haute-Auvergne.

Flacon zoomorphe ou Lion fatimide

Longtemps considéré comme une pièce de jeu d’échec en raison de sa petite taille, ce lion est plus vraisemblablement un petit flacon rapporté du Moyen-Orient à la suite des croisades. Il est très probable qu’il ait été offert dès le XIIe siècle au monastère de Bredons pour en enrichir le trésor. Il fut peut-être même utilisé comme reliquaire, la cavité creusée entre les pattes du félin servant alors à abriter une relique ; à moins qu’il ne s’agisse de l’un des quatre lions qui supportaient la statue d’argent de saint Pierre, les cristaux étant généralement enchâssés dans des pièces d’orfèvrerie. Ce qui est assuré, c’est que plusieurs pierres de cristalline ou pierres cristalines, isolées ou intégrées à des croix ou des reliquaires plus importants, sont recensées dans l’inventaire des biens de l’église de Bredons dressé en 1578.Le bloc de cristal a d’abord été dégrossi, puis poli par abrasion, le sculpteur frottant alors longuement la pièce avec une pâte à base de sable. L’évidement creusé entre les pattes a été obtenu à l’aide d’un foret, opération très délicate compte tenu de la fragilité du matériau. Cet artisanat est très caractéristique de l’art fatimide, du nom de la dynastie de califes arabes établie au Caire de 973 à 1171. En effet le Caire s’était fait une spécialité du travail du cristal de roche considéré par l’historien islamique al Biruni (973-1048) comme « la plus précieuse des pierres ». Une pièce très similaire, sculptée elle aussi en forme de lion, est conservée au British Museum (Londres). Bien évidemment les œuvres fabriquées par les lapidaires égyptiens sont rarissimes en Haute-Auvergne, le seul autre exemple connu à ce jour étant conservé dans le trésor de l’église de Maurs-la-Jolie, au sud du département.

Crédits photos : Guilaine PONS, Conservatrice des antiquités et objets d’art déléguée du Cantal.